La Seine, entre Poissy
et Carrières sous Poissy, s’incurve en un ample méandre, jadis traversé d’un
pont formé de vingt-cinq arches de pierre, construit au XIIIe siècle. Au fil du
temps, l’ouvrage porta la marque des activités humaines, certaines arches
furent démolies, reconstruites, surplombées de moulins, d’autres élargies. Puis
il succomba sous les bombardements de la dernière guerre.
A partir du milieu du
XIXe, les rives alentours deviennent des lieux prisés de villégiatures.
Peintres et écrivains s’y côtoient. Dès 1846, le peintre Ernest Meissonier
construit sa maison dans l’enclos de l’ancienne Abbaye, une trentaine d’années
plus tard, Guy de Maupassant vient y canoter, séjourne à l’auberge
« l’Esturgeon », Claude Monet et Octave Mirbeau, s’y rencontrent et
lient une longue amitié.
LE LIEN et LE LIEU
Une
passerelle évoque la nonchalance d’une traversée, l’expérience de la marche
au-dessus du fleuve, et, ici, un lien vers les nouvelles lignes d’échange du
Grand Paris, à la gare de Poissy. Du Nord au Sud, elle proposera un raccourci
en douceur, et, au retour, vers le Parc du Peuple de l’Herbe, elle sera
promenade.
Passage
entre deux communes, entre deux zones territoriales et urbaines, lieu
alternatif, elle est un élément de repère dans le paysage, porteur des
ambitions technologiques de son époque.
L’Histoire
raconte les traces, le paysage dicte les lignes.
Les
images anciennes montrent un pont habité, dont les arches médiévales furent
très tôt surplombées de moulins. Le panorama dit le fleuve, coulant entre les
îles, dominé, dans le lointain par l’ondulation de coteaux boisés.
L’idée
émerge d’une épure souple, ondoyante comme l’horizon. Une réponse non standard,
spécifique au site. Ce ne peut être ni un bow-tring, compte tenu des
contraintes d’appui, ni une structure haubanée, système connoté années 60, et
surtout dont l’échelle serait en désaccord avec les hauteurs en présence.
Discrétion,
d’abord, au-dessus des piles en Seine, puis un cheminement sur une longue
courbe, dont le sommet s’inscrit quasiment au centre du lit majeur, pour
redescendre en douceur vers Carrières sous Poissy.
Dès
lors la structure supérieure suit cette ligne, en l’amplifiant jusqu’à la rive
droite, pour redescendre vers son point le plus bas à l’aplomb des vestiges,
sans s’y appuyer.
MATIERES
La
lumière joue entre les âmes et les ailes des profils, et selon l’heure du jour,
les saisons, la passerelle se pare des couleurs du temps. Structure :
acier peint , ton gris vert pâle . Platelage :
bois dur . Garde corps : montants
en acier peint ou inox , boîtiers en inox pour inclusion de l’éclairage LED,
lisse inox, remplissage du garde corps en maille inox.
LE LIEN et l’EMBLEME
Invitation
à la traversée du fleuve, suspendue entre ciel et eau, la longue suite
d’arceaux est scandée de larges baies triangulaires offrant de multiples points
de vue sur le paysage.
Dans le
dessin de l’ouvrage convergent dimensions historiques et technologiques, cette
forme souple étant issue de l’utilisation de logiciels proches de ceux
nécessaires au design des automobiles.
La
fluidité générale du profil peut évoquer la silhouette d’un poisson, emblème de
la ville de Poissy.